Que vous vendiez ou louiez, chaque bien immobilier a ses obligations. Amiante, DPE, électricité, gaz… Pas de panique, on s’occupe de tout !
Annoncé comme une bouffée d’air pour les copropriétés en difficulté, le syndic d’intérêt collectif peine encore à trouver sa place. Créé par la loi du 9 avril 2024, ce statut spécifique devait permettre à des structures formées et agréées de reprendre la gestion d’immeubles en crise. Un an plus tard, le dispositif reste marginal, malgré l’ampleur des besoins.
En France, on estime à près de 215 000 le nombre de copropriétés dites “fragiles”, souvent en défaut de paiement, en conflit interne ou tout simplement à l’abandon. Dans ces ensembles vieillissants, les travaux urgents s’accumulent, les charges explosent et plus personne ne veut s’occuper de la gestion. C’est pour répondre à cette impasse que le syndic d’intérêt collectif a été imaginé : un professionnel habilité à intervenir dans les copropriétés en grande difficulté, avec une mission d’intérêt général.
Le syndic d’intérêt collectif se distingue du syndic traditionnel par son mode d’intervention. Il agit à la demande du préfet, d’une collectivité ou de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), pour remettre sur pied une copropriété menacée de dégradation. Son rôle ne se limite pas à la gestion comptable : il doit rétablir la gouvernance, relancer les paiements, planifier les travaux urgents et rétablir un dialogue entre les copropriétaires. Une mission d’équilibriste, qui suppose autant de compétences juridiques que sociales.
Le rapport du Conseil national de l’habitat (CNH) salue le principe, mais pointe un démarrage poussif. Moins de 40 syndics disposent aujourd’hui de la certification QualiSR, indispensable pour exercer ce rôle. La formation annuelle de 20 heures imposée par le texte rebute certains professionnels, tout comme les contraintes administratives liées à l’agrément préfectoral.
Pour l’AES comme pour le CNH, ce nouveau métier ne pourra se développer sans un soutien plus clair de l’État. Les syndics d’intérêt collectif réclament des financements dédiés et des partenariats avec les collectivités pour rendre leur intervention viable. Certaines expériences locales, comme celle du bailleur social Vilogia dans le Nord, montrent pourtant que le modèle peut fonctionner lorsqu’il est bien encadré.
Dans un contexte où les copropriétés dégradées se multiplient, la question n’est plus de savoir si ce dispositif est utile, mais comment lui donner les moyens d’exister. Sans cela, les immeubles en détresse continueront de sombrer faute de pilote à bord.